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Portrait du technicien sono de la PCBF

Joyeux Noël, portrait du technicien responsable du matériel de sonorisation de la PCBF

Joyeux Noël

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Joyeux Noël, portrait du technicien responsable du matériel de sonorisation de la PCBF

Norbert Sawadogo, plus connu sous le nom de Joyeux Noël, est responsable depuis 2007 du matériel de sonorisation de la Plateforme Culturelle du Burkina Faso (PCBF), un des partenaires burkinabé d’Africalia. À 47 ans, cet homme, fin et élancé, travaille depuis maintenant presque 10 ans pour la PCBF. Vous êtes plus connu sous le nom de Joyeux Noël que de Norbert Sawadogo. D’où vient ce surnom plutôt original ? Je m’appelle Norbert Sawadogo à l’état civil mais ici, dans le secteur artistique, on m’appelle Joyeux Noël. Ce nom m’a été donné par un belge en 2000, lorsque j’étais responsable du matériel son à un festival à l’Atelier de Théâtre Burkinabé (ATB). C’était en décembre et j’ai souhaité un Joyeux Noël à l’équipe. Le lendemain, un monsieur me dit Joyeux Noël, et puis un autre. Je leur ai demandé à qui ils s’adressaient et ils m’ont répondu : « C’est à vous ». Et de table en table, dès que je passais on me disait Joyeux Noël. C’est comme ça que c’est parti. Qu’est-ce qui vous a incité à choisir le métier de technicien son ? Au lycée, je tâtonnais pour aider les étudiants à brancher les magnétophones. J’ai ensuite intégré le milieu du théâtre car j’étais comédien. Là, j’y ai découvert les aspects techniques du secteur tels que le son et la lumière. J’avais en moi l’amour de ce matériel et donc à chaque sortie de l’ATB, je m’occupais d’éclairer les scènes et je sonorisais. Pendant les festivals, je me suis approché de ceux qui étaient dans le métier et je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’un métier à part, que ce n’était pas de la rigolade. En 2007, Africalia avait offert un matériel de sonorisation professionnel à la PCBF. J’ai profité de l’occasion pour suivre la formation avec d’autres techniciens et découvrir le matériel. À la fin du festival Waga Hip Hop, où nous étions en stage, on m’a annoncé que je serais le responsable de la sono. Je ne m’y attendais pas du tout. Lorsque le matériel sort, comment se passe une sortie type ? Les sorties sont toutes différentes même si on peut les regrouper en 3 ou 4 sorties type. Je commence par collecter les informations : qui a demandé le matériel ? À quelle date et quel lieu ? Quelle est la durée de l’événement ? Est-ce pour une soirée ou une semaine ? Quels sont les besoins matériels ? Je m’occupe toujours de préparer le matériel la veille du jour où il quitte le local de la PCBF. J’en prévois toujours un peu plus au cas où des câbles ne fonctionneraient plus. Le jour J, avant que le camion arrive, je revérifie tout le matériel pour être sûr de n’avoir rien oublié. Lorsqu’on arrive sur les lieux, les autres techniciens et moi installons le matériel et vérifions que tout fonctionne. Parfois, il faut faire une balance. Durant l’événement, les autres techniciens et moi-même allons faire la technique et une fois que c’est fini, on décâble tout. Cela peut prendre du temps. Pour de gros événements, il y a parfois plusieurs sonos et il faut être vigilant parce que parfois on mélange les câbles. Les grands champions sont les artistes qui aiment chiper les câbles jack. Quand ils voient que les câbles sont bons, ils les prennent et en laissent d’autres à la place. Quand je rentre chez moi, il est souvent 3 ou 4h du matin… parce qu’une fois que tout est rangé, il faut encore ramener le matériel à la PCBF. Le lendemain, je vérifie l’état du matériel et s’il ne manque rien. Je commence ensuite la toilette des câbles : l’alimentation, les modules, etc. Cela peut prendre entre 1 et 3 jours. Parfois, il faut aussi nettoyer les flight cases. Toutefois, ce nettoyage ne se fait pas systématiquement. Quand le matériel est utilisé dans des salles, il n’y a pas beaucoup de saleté. J’attends donc deux ou trois sorties et dès que je vois que c’est un peu sale, je nettoie. Par contre, dès que le matériel sort dans la poussière, il faut le nettoyer. Nous faisons en moyenne entre 80 et 120 sorties par an. Le nombre de sorties varie fort d’une saison à l’autre. Entre juillet et septembre, on a moins d’activités à cause de la pluie. Par contre, dès octobre commencent les festivals. Lors des événements, nous aimons utiliser notre sono pour les mettre en face des autorités et on met les autres dans les extrêmes. Mais nous ne sonorisons pas les activités politiques comme les campagnes ou encore les activités religieuses. Est-ce que la révolution numérique a eu un impact sur votre travail ? Il n’y a pas beaucoup de matériel numérique au Burkina Faso aujourd’hui. On le retrouve plutôt dans les studios d’enregistrement. Sur le terrain, nous travaillons essentiellement avec du matériel analogique. Toutefois, récemment, j’ai eu la chance de participer à la sonorisation du concert d’Alpha Blondy où on a travaillé avec deux consules numériques, envoyées de la Côte d’Ivoire. Lors du concert à Ouagadougou, on a beaucoup travaillé pour faire les réglages qui ont été sauvegardés sur une clé usb. Pour le concert à Bobo-Dioulasso, il a suffit de lancer les fichiers qui étaient sur la clé et c’était bon. J’ai été impressionné par la technologie numérique car elle réduit la durée du travail et c’est pratique quand on manque de temps. Mais l’entretien du matériel pose problème parce qu’ici nous avons la chaleur et la poussière. Si la console lâche c’est foutu, alors qu’avec l’analogique, si un câble ne fonctionne plus, il suffit de le remplacer par un autre. Quels sont vos projets, vos souhaits pour le futur ? Je souhaiterais que l’on puisse renouveler cette sono car elle a fait son temps et que le matériel est aujourd’hui amorti. En plus des nombreuses sorties, le matériel a traversé la poussière, la pluie, le soleil… Ensuite, si on pouvait compléter la sono avec une installation de lumières ce serait encore mieux. J’espère à l’avenir encore rester le responsable du matériel. Maintenant que je le reste ou pas, je désirerais que celui qui occupe cette fonction puisse être plus à l’aise pour travailler. Si le nombre de projets augmente, que l’on puisse par exemple former d’autres gens pour ne pas devoir aller chercher des ingénieurs pour sonoriser nos activités. Quand nous travaillons, nous ne le faisons pas dans un but lucratif. Quand nous acceptons de sonoriser les activités, on a comme devoir de faire un bon travail et de rendre le son qu’il faut. Il n’y a pas de petit public, ni de grand public. Il n’y a pas de VIP, ni de citoyen lambda. Chez nous, tout le monde est pareil. On trouve que je suis exigeant mais j’accepte parce que là où nous passons, les gens disent qu’ils aiment notre travail car ils le trouvent professionnel. Bref, je souhaite toujours être à la hauteur et de garder cette chance de me cultiver via mon travail. [/Propos recueillis par Audrey Brisack/]

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