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Récréâtrales 2016, ces artistes venus des Grands Lacs

Les artistes des Grands Lacs étaient présents aux Récréâtrales. Ils nous parlent de leur participation à la fête panafricaine du théâtre de Ouagadougou.

Les Récréâtrales 2016 ont accueilli les artistes d’Afrique et du monde via le programme Elan. Parmi eux, l’auteur David Ilunga de la RDC, le metteur en scène Freddy Sabimbona du Burundi et la comédienne Martine Umulisa du Rwanda. Tous placent leur venue à Ouagadougou dans le cadre d’échanges et d’enrichissements mutuels.

Freddy Sabimbona explique : « C’est une chance incroyable de travailler avec des Béninois, Togolais, Congolais, Burkinabè, on se nourrit de toutes ces expériences. Et cela crée des ponts et des passerelles entre nos pays et une ouverture vers les acteurs culturels de l’Afrique de l’Ouest que nous n’avions pas. C’est une opportunité de rencontrer beaucoup de personnes et de nouer des partenariats. »

Afin d’en savoir plus sur ces trois ambassadeurs du théâtre des Grands Lacs et tout le bénéfice qu’ils tirent de leur présence aux Récréâtrales, lisez maintenant l’article de Saïdou Alcény BARRY ci-dessous ou téléchargez le au format pdf en cliquant ici.


Récréâtrales 2016, ces artistes venus des Grands Lacs

Les artistes des Grands Lacs étaient présents aux Récréâtrales. Ils nous parlent de leur participation à la fête panafricaine du théâtre de Ouagadougou.

Les Récréâtrales 2016 qui se sont tenues à Ouagadougou du 29 novembre au 5 octobre 2016 ont accueilli les artistes d’Afrique et du monde. Africalia qui est un partenaire du Cartel, à l’initiative de cet événement culturel, a orchestré la rencontre entre les acteurs des planches des Grands Lacs et ceux du reste du monde à Ouagadougou. Ainsi l’auteur David Ilunga de la République démocratique du Congo, le metteur en scène Freddy Sabimbona du Burundi et la comédienne Martine Umulisa du Rwanda étaient présents à ce grand rendez-vous théâtral.

David Ilunga, jeune auteur dramaturge, participe au programme Elan des Récréâtrales pour la deuxième fois. Cette année, il est venu présenter son texte Délestage qui évoque les déboires d’un clandestin congolais à Bruxelles après les attentats terroristes. Ce texte a été lu dans la cour des Koné devant un public multiculturel qui a ri des situations cocasses et de la peinture au vitriol que le personnage faisait des Congolais et des Belges. David est aussi comédien dans Gentil petit chien, un texte de Hakim Bah dans une mise en scène d’Aristide Tarnagda. Il joue le père de la jeune Ortie aux côté de Martine Umulisa qui incarnait la mère.

Le dramaturge congolais est membre du Tarmac des Auteurs, une structure culturelle installée à Kinsasha qui vise à la promotion de l’écriture dramatique. Il place sa venue à Ouagadougou dans le cadre d’échanges et d’enrichissements mutuels. « Je participe aux Récréâtrales Elan qui est un laboratoire de recherche dramatique réunissant comédiens, metteurs en scène, scénographes et comédiens pour créer un spectacle. C’est un laboratoire de création qui enrichit chaque membre car il réunit des praticiens expérimentés et des débutants ». Ce laboratoire est important pour lui car il lui permet d’interroger sa démarche artistique, de réfléchir sur sa pratique de comédien et surtout d’auteur. « J’y ai découvert le théâtre paysage qui consiste à jouer la pièce in situ, dans l’environnement qui accueille la représentation, sans y apporter des objets de scénographie. Par ailleurs, le Tarmac des Auteurs étant situé dans un quartier populaire de Kinsasha, nous avons aussi une assise populaire et sociale. Nous pouvons donc nous inspirer de l’idée des Récréâtrales de faire du théâtre dans des domiciles, tout en l’adaptant aux réalités sociales de Kin qui est une ville monstre.»

Freddy Sabimbona est lui présent à Ouaga depuis deux mois comme metteur en scène de la pièce Les Sans, écrite par Alidou K. Ouédraogo. « C’est une chance incroyable de travailler avec des Béninois, Togolais, Congolais, Burkinabè, on se nourrit de toutes ces expériences. Et cela crée des ponts et des passerelles entre nos pays et une ouverture vers les acteurs culturels de l’Afrique de l’Ouest que nous n’avions pas. C’est une opportunité de rencontrer beaucoup de personnes et de nouer des partenariats. »

Le metteur en scène burundais, qui organise le festival Buja Sans Tabou qui en est à sa deuxième édition, est très intéressé par l’expérience du théâtre dans les cours qui permet de rompre le cercle du théâtre élitiste pour le rendre accessible aux couches populaires. « Au Burundi le théâtre se joue dans des salles de théâtre et il serait bien de le sortir de là pour l’amener dans la population » dit Freddy.

Il est très fier qu’Ajax Nzeyimana, le premier scénographe burundais, participe aux Récréâtrales pour renforcer ses compétences au contact des autres scénographes et de pouvoir partager le capital d’expérience acquis ici avec de futurs scénographes au Burundi.

Quant à Martine Umulisa qui est comédienne et co-fondatrice de Kaami Arts, une structure qui initie les enfants au théâtre, elle a apporté des chants kinyarwandais dans Gentil petit chien. Elle a ainsi transposé sans le savoir un morceau du Rwanda à Ouaga car dans la cour où se joue la pièce, les enfants ont appris les chants et les entonnent tout en esquissant des pas de danse traditionnelle rwandaise.

Elle est reconnaissante aux Récréâtrales de lui avoir remis le pied à l’étrier en tant que comédienne. Elle n’était plus montée sur les planches depuis quelques années, occupée par l’administration de Kaami Arts, de la formation de jeunes comédiens ainsi que  de la mise en scène de spectacles pour jeunes.

Ces trois ambassadeurs du théâtre des Grands Lacs sont prompts à nous dire tout le bénéfice qu’ils tirent de leur présence aux Récréâtrales, mais ils oublient de dire ce qu’ils apportent à ce grand « rendez-vous du donner et du recevoir ». Ils y amènent à travers leurs créations l’humour et la pétulance du Congo, l’Ubuntu du Rwanda et l’esprit de résilience du peuple burundais.

En somme, ces artistes des Grands Lacs portent des valeurs et des couleurs culturelles particulières et leur présence contribue à faire des Récréâtrales un arc-en-ciel artistique. La beauté d’un tapis provient de la variété de ses couleurs, disait l’écrivain malien Amadou Hampathé Bâ. Cette vérité sur le tissage vaut aussi pour les rencontres humaines et artistiques telles les Récréâtrales.
Saïdou Alcény BARRY

© Septième Thème et Patchwork

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